Africadoc Benin et
Festival des Nouveaux Cinémas Documentaires
Un interview de Beti Ellerson
Centre pour l'étude et la recherche des femmes africaines dans le cinémas
La franco-béninoise Farah
Clémentine Dramani Issifou, 31 ans, parle de son parcours du cinéma, ses
fonctions multiples dans le circuit des festivals du film : Africadoc Benin et
le Festival des Nouveaux Cinémas Documentaires, et les projets à venir
Farah, quel est ton
parcours ? Comment es-tu arrivée au cinéma.
J'ai découvert le cinéma documentaire après avoir
obtenu une maîtrise d'économie internationale et un master "urbanisme,
habitat et coopération internationale".
C’est en 2009 que je commence à m’y intéresser,
notamment lorsque la cinéaste Rama Thiaw que j’ai rencontrée sur les bancs de
la fac, termine son 1er film :
Boul Fallé, la voie de la lutte.
Deux expériences ont été marquantes dans cette
orientation professionnelle: ma collaboration sur le tournage d'un film de
Vincent Moon dans les Balkans et ma participation à une résidence d'écriture
dans le cadre du programme Africadoc.
C'est en 2010 à St Louis au Sénégal pendant les
rencontres Tënk que j'ai fait la connaissance de 2 compatriotes béninois
Faïssol Fahad Gnonlonfin, réalisateur et producteur et Arnaud Akoha,
journaliste radio.
C'est à cette occasion que je leur propose de
créer l'association Africadoc Bénin dans l'objectif d'encourager la promotion
du cinéma documentaire au Bénin, dans un dialogue avec le monde.
En effet, en l'absence de salles de cinémas au
Bénin et eu égard au flot continu d'images venant de l'extérieur qui y
circulent tous les jours sur les écrans de TV comme plus généralement en
Afrique, il est devenu nécessaire voire urgent "pour certains cinéastes de
créer des images afin de conserver leur aptitude fondamentale à imaginer,
désirer, penser et forger leur propre destin » (Gaston Kabore) et réaliser des
films qui traduisent leurs regards sur le monde.
Un petit historique du
festival BeninDocs ?
Partant du constat qu’on assiste à l’émergence
d’une nouvelle génération de documentaristes sur le continent mais que leurs
films sont encore trop peu diffusés en Afrique mais également en Occident,
Africadoc Bénin a décidé de créer BeninDocs – Festival International du Premier
Film Documentaire. Première biennale consacrée aux premiers films de jeunes
auteurs/réalisateurs sur le continent africain, la manifestation entend à
travers des coopérations aux niveaux local et international, encourager ces
nouveaux talents.
Lorsque j’ai pris mes fonctions à Belleville en
Vue(s) en janvier 2011, c’est le 1er projet que j’ai impulsé. J’ai proposé à
l’équipe en place de soutenir Africadoc Bénin dans l’organisation du festival
BeninDocs.
Quelle est la réception
du public ?
La première édition s'est donc déroulée à Porto
Novo, Cotonou et Paris en novembre 2011 dans le cadre de la manifestation du
Mois du Film Documentaire, avec le soutien de Belleville en Vue(s). Plus de 600
festivaliers béninois et français se sont pressés aux différentes séances de
projection et rencontres avec les réalisateurs. Deux ateliers (Initiations à la
caméra et à l’écriture) ont même été organisés à Porto Novo.
Les spectateurs qui ont assisté au festival, que
ce soit à Paris, Porto Novo ou Cotonou ont tous été séduits par des images
justes, des images créées aussi par des Africains sur leurs réalités, celles
d’un continent qui évolue à toute vitesse.
Tu es très engagée dans
le monde des festivals du film. C’est une passion même !
J’ai une double casquette. Je suis à la fois
Déléguée Générale de Belleville en Vue(s) et co-fondatrice d’Africadoc Bénin.
Depuis 2011 j’ai donc mis sur pieds 2 festivals :
BeninDocs et le Festival des Nouveaux Cinémas Documentaires. Les échanges ont
permis à la fois à Belleville en Vue(s) et Africadoc Bénin de développer chacune
de nouvelles pratiques, renforcer l’impact de leurs projets et promouvoir de
concert les écritures cinématographiques émergentes. C’est dans ce sens que des
cartes blanches croisées entre les deux festivals sont organisées en France et
au Bénin.
Quels sont tes objectifs
pour ces deux festivals ?
Mes missions principales sont, d’une part de
définir le programme artistique des deux manifestations, en lien avec Clara
Guillaud qui à mes côtes, est co-directrice artistique du festival des nouveaux
cinémas documentaires et Arnaud Akoha, co-fondateur et coordinateur d’Africadoc
Bénin.
D’autre part, je suis aussi en charge de la
recherche des partenaires artistiques et financiers aux niveaux local et
international. Cette année par exemple, Lesedi Oluko Moche directrice du plus
important festival de cinéma documentaire sur le continent africain, Encounters
South African International Documentary Film Festival, propose pour la 1ère
fois en France, une sélection de courts métrages d’étudiants de l’école sud africaine
Big Fish.
Enfin plus généralement, je définis et coordonne
les projets portés par les salariées et bénévoles de Belleville en Vue(s) et
conseille l’équipe bénévole d’Africadoc Bénin dans le développement de ses
activités.
Les projets à venir ?
La première chose est à mon sens, de consolider
l’existant. Il est important que ces deux jeunes festivals puissent perdurer
dans le temps, pour que vive la diversité cinématographique. Le premier enjeu
est donc de les rendre pérenne.
Après avoir enrichie cette année la programmation
d’un journal du festival, d’une émission de radio en direct animée par REC la
radio des Foyers et la mise en place d’une certain nombre d’actions
culturelles, il pourrait être intéressant de développer lors des prochaines éditions,
des ateliers pour former des jeunes à la critique.
En effet, sans critique le cinéma ne peut exister.
La critique aide à appréhender le film voire dans certains cas à le comprendre,
en même temps qu’elle accompagne le développement des cinémas et ouvre le débat
démocratique, la discussion et la confrontation des points de vue.
Un interview de Beti Ellerson. © Beti Ellerson
Originelment publié le 5 de novembre 2013
Centre for the Study and Research of African Women in Cinema | Centre pour l'étude et la recherche des femmes africaines dans le cinéma. AFWC
AFWC website www.africanwomenincinema.org
Belleville en Vue(s)
www.belleville-en-vues.org
Africadoc
www.africadocnetwork.com
Belleville en Vue(s)
www.belleville-en-vues.org
Africadoc
www.africadocnetwork.com
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Édition NAU NUA | ART MAGAZINE
par Juan Carlos Romero
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